L’Ecole Supérieure de Commerce de La Neuveville

Cette institution est aussi un emblème de notre cité, car elle montre bien la position très particulière qu’occupe La Neuveville comme trait d’union entre la partie romande et alémanique du canton de Berne, mais aussi par sa situation géographique. Notre ville située au bord de Lac de Bienne sur le plateau suisse au pied du Jura est rattachée à la route qui va de Zurich jusqu’à Genève. Cette ouverture sur l’une des régions géographiques les plus peuplées d’Europe a permis à notre cité d’avoir un rayonnement très particulier propice au développement d’activités économiques mais aussi culturelles.

Comme il avait déjà été fait mention dans l’un de nos articles précédents, à partir du début du 19e siècle, La Neuveville a été l’une des communes qui avait été choisie par le Conseil d’Etat pour accueillir un Progymanse. Très rapidement, des filières bilingues voient le jour pour des élèves alémaniques qui veulent apprendre le français. L’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de La Neuveville est au départ une section commerciale de l’école secondaire de jeunes filles. Elle devient indépendante en 1912 lors de la réunification de cette filière de jeunes filles avec le Progymanase composé uniquement de garçons. L’ESC de La Neuveville occupe tout d’abord les locaux qui sont actuellement ceux de l’école primaire pour déménager en 1929 à la route de Neuchâtel 7.

(Voir la photo de l’inauguration en 1912 – Référence 49988-15 – Fonds photographique Beerstecher & Acquadro – Musée de La Neuveville)

Ecole de Commerce de La Neuveville – Route de Neuchâtel 7

Pendant toute la première partie du 20e siècle et jusqu’au milieu des années 1980, cette institution va jouer un rôle de premier plan dans l’activité économique de la cité, en accueillant de plus en plus d’élèves de langues alémaniques. Ces derniers viennent de tout le canton et en particulier de l’Oberland Bernois. Avec le développement de l’activité touristique, beaucoup de jeunes gens, filles ou fils d’hôteliers ou de personnes employées dans ce secteur d’activité dans la région de Gstaat, Wengen ou bien encore Interlaken, viennent à La Neuveville pour apprendre le français, l’autre langue nationale. La plupart de ces étudiants alémaniques ne peuvent pas entrer chez eux tous les jours, ils sont généralement hébergés dans des pensions. C’est d’ailleurs un des éléments qui contribue à l’apprentissage de la langue, en multipliant les opportunités où les étudiants doivent s’exprimer en français. Cette technique porte le nom d’immersion et elle est encore utilisée de nos jours à l’Ecole de Commerce. A cette époque-là, les relations entre les habitants de La Neuveville et les élèves de l’école sont multiples, car ils sont intégrés dans la vie de la ville et participent aux diverses manifestations culturelles et associatives. Le fonds photographiques Beerstecher & Acquadro dispose de plusieurs témoignages de ces liens.

(Voir les photos de manifestations – Références : 50001-19 et 50012-21 – Fonds photographique Beerstecher & Acquadro – Musée de La Neuveville)

A. Ogi (ancien Président de la Confédération) au centième anniversaire de l’ESC La Neuveville – Septembre 2012

C’est durant cette période que l’école va accueillir un élève qui deviendra par la suite Conseillé Fédéral, il s’agit d’Adlof Ogi. Il a séjourné à La Neuveville de 1958 à 1961 où il a obtenu son diplôme de commerce. Il reste un personnage emblématique de cette époque où beaucoup de jeunes gens de langue suisse-allemande venaient dans notre cité pour y apprendre le français. L’homme d’Etat a toujours gardé un lien tout particulier avec l’école ou bien encore la région car il y est revenu très souvent. La preuve en est sa présence lors de la célébration du centième anniversaire de la fondation de l’Ecole de Commerce en 2012.

Avec l’évolution des mœurs et les changements sociétaux qui suivent mai 68 ainsi que la démocratisation des études, l’Ecole de Commerce dans les années 80 doit revoir son fonctionnement. Elle ne peut plus uniquement compter sur sa clientèle fidèle Oberlandaise, elle doit aussi écouter les attentes du monde économique et du canton. Beaucoup d’entreprises suisses et de la région avant de prendre des jeunes gens en apprentissages, souhaitent qu’ils approfondissent leurs connaissances en français. L’ESC La Neuveville va connaître alors une forte augmentation de ses effectifs. Elle doit aussi penser à agrandir ses locaux. Après avoir loué des salles dans l’ancienne usine Erismann, l’institution se décide pour le deuxième étage de l’immeuble qui vient d’être érigé pour accueillir la nouvelle Migros. De plus un étage supplémentaire est ajouté au bâtiment qui accueille les salles informatiques juste à côté du bâtiment principal de l’école.

Bâtiment de l’ESC La Neuveville – Migros La Neuveville

Cet événement est accompagné au milieu des années 90, par l’introduction de la maturité commerciale, un nouveau types de certificat qui a pour ambition de donner un peu plus de place aux branches de culture générale. Au passage du millénaire, l’institution est caractérisée par un plus grand nombre de classes de première année par rapport à celui de deuxième et troisième. Cela s’explique par le fait que beaucoup d’étudiants, après avoir étudié une année pour améliorer leur français à l’Ecole de Commerce de La Neuveville, décident de poursuivre un apprentissage. Dans la première décennie du vingtième siècle l’institution a dû remédier à ce déséquilibre suite à une décision du canton, mais ça a eu qu’une légère influence sur les effectifs. Le nombre d’étudiants voulant suivre un cursus complet en maturité commerciale ayant augmenté. En 2007, l’ESC La Neuveville se dote d’un système qualité et est certifiée avec la norme ISO 9001.

Avec le passage à la seconde décennie du 20e siècle, l’école doit encore faire face à de nouveau challenges qui sont de natures bien diverses. En effet même si le français est une langue nationale et son apprentissage reste un facteur d’intégration important sur le marché du travail dans notre pays, il n’en demeure pas moins que l’anglais s’impose de plus en plus comme un moyen inusité de communiquer. L’Ecole de Commerce de La Neuveville décide alors de se lancer dans un nouveau projet en mettant en place une filière trilingue pour les étudiants de maturité commerciale. La première volée d’élèves démarre ce cursus en août 2012 et le finit en juin 2015. En même temps l’institution devient un centre reconnu d’examens pour les certificats internationaux de langues. Elle doit aussi faire face à des changements au niveau du plan d’étude. Le diplôme de commerce disparaît, il est remplacé par le Certificat Fédéral de Capacité (CFC) à plein temps dans le domaine du commerce. Ce nouveau diplôme, donnant une part plus large à la pratique, oblige l’école de commerce à développer des ateliers de pratiques professionnelles. Les élèves créent leur propre entreprise qui est reliée à d’autres sur un nuage. L’objectif est ici de les amener à mettre en pratique leurs connaissances acquises dans les différentes branches théoriques. Dans le cadre de ces leçons, les élèves travaillent dans des bureaux en open space et sont en contact avec d’autres étudiants d’autres écoles du canton de Saint-Gall et du Tessin. Plusieurs foires ont été organisées à La Neuveville et à Sarganz pour permettre à ces jeunes entrepreneurs de se rencontrer. Soulignons aussi depuis quelques années, qu’un certain nombre de cours sont proposés en allemand aux élèves CFC francophones et en anglais à tous les étudiants de cette filière, ce qui leur permet d’obtenir un certificat trilingue.

Article du Journal du Jura du 30 mars 2017 – Lien en fin d’article

En l’espace d’un peu plus de cent ans, cette école a bien changé et a dû faire face à beaucoup de nouveaux défis que cela soit au niveau institutionnel ou bien encore pédagogique. D’autres sont à venir avec la digitalisation de l’enseignement. Il n’en demeure pas moins que cette institution reste un trait d’union entre les communautés linguistiques du canton et peut se targuer d’avoir une longue expérience dans le domaine de la formation en immersion. A savoir, l’enseignement de différentes branches dans une langue étrangère. Les liens, il est vrai entre les étudiants de l’école et les habitants de La Neuveville se sont quelque peu distendus car une majorité d’entre eux sont des pendulaires, mais son offre reste en adéquation avec les exigences du monde de travail. Sa formation de base au niveau commercial avec une spécificité au niveau linguistique correspond tout à fait aux attentes du monde économique. Des plus, cet article nous donne un bon aperçu des capacités de cet établissement à s’adapter aux changements pour continuer d’exister tout en préservant ses spécificités.

Liens intéressants :

Ecole de commerce :

Adolf Ogi

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